Nathalie Serret, championne Mauricienne

Un peu seule au monde !

Depuis plus de vingt ans, Nathalie Serret est le seule joueuse Mauricienne à se maintenir dans le haut des leaderboards sur les compétitions amateur. Nous l'avions découverte en 2004 où, auréolée de son titre de Championne de Maurice elle avait largement remporté l'Open du Bassin Bleu. Si elle a découvert le golf assez tardivement, sa mentalité de sportive lui a permis de gravir très rapidement les plus hautes marches du podium.

Seule au monde ! C'est un peu le sentiment que nous avons eu lors du MCB Indian Océan Open à Bel Ombre où elle était la seule féminine à être engagée. Un tournoi mixte où elle a fait plus que performer avec une dix neuvième place sur un champ de 66 joueurs. Et un sentiment plus que mitigé sur l'utilité de sa participation. « Etre toute seule sur un tournoi comme ça, c'est assez gênant, explique-t'elle. C'était déjà le cas l'an dernier. Ce n'est pas le fait d'être la seule femme qui m'a dérangé. C'est d'avoir le sentiment que je n'existais pas. Je ne suis pas pour ce genre de compétitions mixtes. Il faudrait que le parcours soit préparé pour que l'on puisse être à égalité avec les hommes. L'écart au niveau des distances pour nous, joueuses amateur est trop important. J'ai mal joué le premier jour car j'étais perturbée par tout ça : être la dernière sur le tee de départ et la première à jouer le second coup. Ensuite je me suis concentrée sur mon jeu mais je suis sortie de ces trois jours exténuée physiquement et moralement. » Pour enchaîner avec une épreuve de la Ladies Golf Union qu'elle a remporté.

Le golf, Un Sport de vieux…

Pourtant, Nathalie a toujours eu l'esprit de compétition. Elle est née dans une famille de sportifs qui pratiquaient, entre autres, le golf. Mais elle était plus attirée par le tennis où elle a au sein de l'équipe nationale disputée les Championnats d'Afrique. « J'ai toujours aimé les sports de raquette, l'athlétisme. je suis une sportive hyper-active. Je n'étais pas attirée par le golf. J'avais comme beaucoup des idées préconçues sur cette discipline qui était considérée comme un sport de vieux, dit-elle. » C'est finalement son fils avec qui elle voulait partager de bons moments, qui réussit l'attirer sur un parcours de golf. Et le coup de foudre pour ce sport a été immédiat.

A 35 ans… « J'ai été tout de suite hypnotisée, passionnée. Je n'avais chaque jour qu'une envie, aller jouer au golf. Je suis institutrice et j'ai décidé de travailler à mi-temps, nous confie-t'elle. Puis j'ai eu la chance de pouvoir me permettre d'arrêter de travailler. » Joueuse de tennis talentueuse, Nathalie souligne les similitudes entre ce sport de raquette et le golf. « Les bons joueurs de raquette deviennent de bons joueurs de golf et inversement. Il y a des points communs, la rotation du corps, le sentiment de traverser la balle, garder les yeux dessus, l'importance des appuis. C'est un sport qui demande de la discipline, de la concentration. » Très vite, elle baisse son index. Après sa première épreuve, elle est créditée d'un handicap de 15 ! Elle ne met ensuite que deux ans à descendre à 1.

Toujours en compétition contre moi-même et le parcours

Le goût de la compétition est tel chez Nathalie qu'elle se donne le temps et les moyens de performer. « C'est ce que je recherche dans chacun des sports que j'ai pratiqué, sinon à quoi servent les entraînements ? Je suis toujours en compétition contre moi-même. Et au golf si c'est l'un des rares sports où l'on peut jouer seule, je suis toujours en compétition contre moi-même et contre le parcours. Parfois je sors d'une épreuve avec une victoire en n'étant pas satisfaite de mon jeu. Quelquefois je perds mais je suis satisfaite de ce que j'ai réalisé. » Même si elle en a le potentiel, Nathalie n'a jamais pensé passer professionnelle. Elle n'aime pas donner de conseils et d'ailleurs ne regarde jamais ce que font les autres sur le parcours. « Il y a des gens dont c'est le métier, dit-elle. Je peux aider des joueuses débutantes sur certaines règles, sur l'étiquette mais je ne donnerai jamais un conseil technique sur un swing. Les aspects techniques ne m'intéressent pas. »

En vingt ans sur les parcours, Nathalie a eu de bons… et de mauvais souvenirs. Parmi les bons, le ladies Open à Tamarina en 2019 où elle gagne en play-off à Tamarina contre la Réunionnaise Alexandra Delavigne. Le plus mauvais ? Sa défaite contre cette même joueuse sur le dernier trou du ladies Open 2023, il y a quelques mois de cela, alors qu'elle menait au 17. « Ce n'est pas Alex qui a gagné, c'est moi qui ait perdu, explique-t'elle. Faire 3 putts au 17 c'est inacceptable et ça m'a mis la tête à l'envers au 18. J'étais en colère contre moi-même, je n'ai pas su gérer ce moment là. Avant j'étais une très mauvaise perdante, maintenant cela va nettement mieux. J'ai lu quelque chose qui est devenue ma devise : si on apprend d'une défaite, elle devient une victoire. »

A Maurice on pratique le « social golf », pas la compétition !

Les bons souvenirs sont tout de même légion, surtout lors des compétitions où elle frotte ses copines réunionnaises et malgaches comme les Inter-îles. Car sur les épreuves régulières à Maurice, Nathalie se sent un peu seule au monde. « A la Réunion la ligue organise des championnats, a mis en place des filières de formation pour les jeunes qui vont chaque année s'entraîner en France et disputer les championnats. Ce n'est pas le cas à l'ile Maurice où on pratique essentiellement le « social golf ». On joue toujours en voiturette, on ne joue jamais en store play, ce sont des parties amicales avec après cocktail ou déjeuner. Il n'y a pas cet esprit de compétition qui existe ailleurs. L'autre jour j'ai vu nos meilleurs jeunes joueurs prendre le départ d'une partie… en voiturette. Il y a quelques filles qui ont le potentiel pour performer mais elles ne participent pas aux compétitions et préfèrent jouer entre elles. »

La suite ? A brève échéance sur le plan sportif Nathalie espère que la compétition inter-îles prévue à Madagascar dans le cadre des Jeux des Iles (non officiel ) puisse avoir lieu. Pour elle, outre la compétition, ce sont de très bons moments de partage dans un pays et avec une culture qu'elle ne connaît pas et qu'elle rêve de découvrir. « Et puis même si je reste une sportive hyper active 7 jours sur 7 au grand désespoir de ma famille, je me suis un peu calmée ces dernières années à la demande de mon corps (Ndlr : se calmer pour elle veut dire ne faire trois parcours et deux matinées de practice par semaine, sans oublier d'autres sports comme le pilate, la natation…). Je privilégie plus la qualité que la quantité et je continuerai ce sport tant que je pourrai prendre du plaisir. » Elle n'écarte pas non plus l'idée de se trouver une remplaçante. Une ou deux jeunes à qui elle pourrait transmettre son expérience du haut niveau. Et continuer son concours de trous en Un avec son Père. Pour le moment, ils sont à égalité : 6 partout !

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